Terre d'ombre

[HJ : Ouf… Désolée du délai. Y’a longtemps que j’ai joué Vull… j’étais un peu rouillée. :’)]

Le temps se couvrait et indiquait à quiconque de rester dans le confort de son foyer… Mais il y avait quand même quelques âmes vagabondes pour contrer les travers de Dame Nature… et l’elfe de feu Vullpjha Injis en était. En effet, pour lui, le temps gris et pluvieux était synonyme de longues promenades en solitaire durant lesquels il pouvait laisser ses pensées voguer comme bon leur semblait.

Plusieurs choses avaient changé depuis qu’il avait intégré l’OM, et il se devait de mettre de l’ordre dans tout ça. Son ermitage était devenu une lacune dans son implication, mais il ne songeait pas pour autant à réintégrer la civilisation, avec ces grandes artères, ses commerces, ses publicités et ses bruits incessants… Non, il ne pourrait plus avoir un tel rythme de vie. Chaque fois qu’il rentrait chez lui, il sentait un poids lâcher ses épaules dès que le vrombissement de la ville s’éloignait… Et c’était sans compter sa crainte accablante de voir débarquer des membres de l’UDPH pour le renvoyer dans leurs laboratoires… Oui, plusieurs choses avaient changé… mais pas celle-là. Cette peur était trop viscéralement inscrite en lui, et ce, depuis trop longtemps, pour qu’elle le quitte de sitôt.

Vullpjha entra dans le cimetière, comme il aimait tant le faire par pareil temps. Aucune âme qui vive à l’horizon… sauf quelques volatiles. L’elfe reconnut d’ailleurs Riktuss, mais ce dernier ne vint pas se poser près de lui… Depuis qu’il avait réintégré la civilisation, le corbeau ne s’approchait de lui que rarement. À croire qu’il lui en voulait… En même temps, il était vrai qu’il avait un peu abandonné ses espoirs d’un jour revoir Rawena… Elle semblait définitivement disparue de la carte et la seule piste qu’il avait eue sur une certaine Sadowa n’avait pas abouti à grand-chose. Malgré tout…

L’elfe sentit une goutte de pluie atteindre son nez alors qu’il atteignait l’entrée du Quartier Populaire. Cela faisait déjà une demi-heure qu’il marchait ainsi, ce qui était plutôt rapide, car, habituellement il flânait çà et là et n’arrivait pas en ville avant une heure de marche, voire une heure trente. Mais aujourd’hui, il avait une destination, laquelle n’était pas l’OM. Il trouva d’ailleurs étrange de se pas tourner à l’angle des mêmes rues… mais il avait à faire.

Entre les murs du quartier général, il avait entendu parler d’un certain sorcier plutôt solitaire qui vendait à quiconque le voulait la moindre information. Alors, ses espoirs avaient refait surface… si personne à l’Organisation n’avait pu vraiment le renseigner sur l’identité de Sadowa Trauer, peut-être cet homme le pourrait-il? Longtemps, il avait hésité : et si lui non plus ne pouvait rien pour lui? Mais il avait fini par se résigner : il avait passé tant d’années à ne rien faire et attendre l’apparition de sa douce moitié que, maintenant, il se devait d’agir. Dans le pire des cas, il en sortirait bredouille et abandonnerait définitivement ses recherches.

La pluie tomba bel et bien alors qu’il approchait de son but. Il avait noté l’adresse et le nom de la boutique dans un carnet, mais peina néanmoins à trouver l’endroit. Lui qui faisait toujours le même trajet ne connaissait, au fond, pas grand-chose des rues du Quartier Populaire, encore moins aux abords du Bidonville. C’est donc plus ou moins trempé qu’il fit tinté la clochette d’Histoire d’un graine. En effet, le déluge avait commencé quand il était entré dans la rue du commerce et même la chaleur de son corps n’avait alors pas suffi à faire s’évaporer toute l’eau. Ses cheveux, attachés, ne laissaient voir aucune pointe : il avait pris une petite dose de potion avant d’entrer dans le périmètre urbain. On n’était jamais trop prudent.

Trop occupé à tordre ses cheveux, le sylvain ne posa que furtivement son regard sur le vendeur en lui envoyant une salutation par l’abaissement de sa tête vers l’avant.

[HJ: Désolée également du délai: j'ai oublié de surveiller le sujet et j'ai vu ta réponse bien en retard !]

[HJ : Oh, t’inquiète pas! Je suis complètement débordée ces temps-ci… Considère que je peux prendre une semaine ou deux pour te répondre d’ici à décembre. ^^’’]

« Merci. », répondit Vullpjha quand le commerçant le « laissa regarder ». Il appréciait cette manière de faire chez l’herboriste. En effet, si ce dernier s’était jeté sur lui dès son arrivée, avec la ferme intention de le « servir » pour lui vendre quelque chose, l’elfe de feu aurait fui… poliment, furtivement, mais fui quand même. De plus, il n’était même pas encore décidé sur la manière avec laquelle il pourrait aborder le sujet qui lui picotait tant la langue. Il avait beaucoup entendu parler d’Aleksander Macmillan et de ses informations… mais quand même. Savait-il vraiment à qui il avait affaire? Non, au fond.

Alors, le vieux sylvain prit son temps et apprécia de pouvoir observer longuement et identifier les nombreuses espèces de plantes présentes dans la boutique. Bien sûr, il sentait le regard inquisiteur du sorcier dans son dos, mais ne s’en formalisait pas outre mesure. Néanmoins, à un moment, il sentit que son petit manège avait suffisamment duré et qu’il ne pourrait étirer la sauce plus longtemps. Il se tourna donc vers l’homme aux cheveux grisonnant et lui dit : « Vous avez de très beaux spécimens… Même quelques-uns qu’il ne m’a jamais été donné de voir… Et ils sont très bien entretenus. »

Oui, Vullpjha meublait l’espace sonore. Il cherchait à gagner du temps, à cerner son interlocuteur en le faisant parler… Il voulait trouver le bon moment pour le questionner… Après tout, cela faisait déjà des années qu’il attendait : quelques minutes de plus pour avoir la situation en main n’étaient certainement pas de trop.