Le cœur a ses raisons et les muffins la solution

Suite de Dragon, quand tu nous tiens
 
L’elfe se demandait bien si l’attitude de son meilleur ami ces derniers temps avaient un lien avec cette… heu… ce truc ailé infernal qui pleurait à côté. Elle regrettait presque de l’avoir appelé poulette maintenant qu’elle s’était transformée en poule mouillée. Presque… au fond, cette garce n’avait que ce qu’elle méritait, il y a quelques minutes de ça, l’elfe n’aurait pas hésité à lui foutre un bon coup de poing dans le bec pour l’avoir traité de salope. Non mais oh ! Elle se prenait pour qui pour lui parler comme ça ? Si elle souhaitait finir en brochette, aucun problème, Gemma aurait été ravie de l’y aider.
 
Pour l’heure, elle se retrouvait en compagnie de son meilleur ami, qui tirait une tronche de 5 kilomètres. Il était bien crispé mais Gemma avait le talent maladroit d’un éléphant dans une boutique de porcelaine pour consoler les gens. Elle aurait voulu lui dire que lorsqu’une personne a détruit ta vie et qu’elle essaye par la suite d’y revenir, c’est juste qu’elle n’a pas terminé son travail, mais elle n’aurait jamais eu le doigté pour exprimer une telle idée. Au mieux, il aurait compris un truc du genre : t’inquiète mon gars tu trouveras un autre gueuse. Autant ne pas mettre les pieds dans le plat. Vyle connaissait assez l’elfe pour savoir qu’elle n’avait que des bonnes intentions sous ce silence gêné.
 
“Donc, il est où ce café de rêve ?”

Se laissant guider, ils arrivèrent à un joli petit coin en bordure de Castel Park. Pas mal du tout, les chiens allaient adorer jouer dans le coin et la terrace était vraiment bien exposé. Un soleil resplendissant baignait les tables et la vue sur le Park était somptueuse. Juste avant de s’installer à une table, elle reçut un message de Kobin, certainement pour avoir de ses nouvelles. Elle regarda le nom sur son combiné mais, malgré l’envie, ne lut pas le message. Vyle ne connaissait pas l’existence de cet homme dans sa vie, du moins le pensait-elle, et il aurait fait une crise si elle lui avait dit.

Quand ils arrivèrent Au Paradis du Muffin*, Vyle trouva le coin vraiment charmant. Il en avait juste entendu parler par la secrétaire d'une importe société de commerce. Elle lui avait décrit le coin et raconter qu'ils y faisaient les meilleurs muffins de la Ville. Il avait juste retenu l'idée au cas où, mais il n'avait jamais pensé que même lui aurait trouvé l'endroit vraiment très agréable ! Le fait que sa terrasse donne sur le parc, rendait la chose bien plus intéressante. Comme il était venu avec son chien et Gemma, le sien, leurs fauves tant aimés pourraient se défouler pendant qu'ils se prélassaient au soleil.

Juste avant qu'ils ne s'installent, Gemma avait reçu un message. Elle avait à peine regardé l'expéditeur, avant de ranger fissa son téléphone. Le harpie était loin d'être stupide et surtout, il connaissait vraiment bien son amie. Cela aurait été n'importe quoi, un pote, un frère, une publicité... elle l'aurait lu, répondu si besoin avant de le ranger. Même si cela avait été un simple coup d'un soir ! Mais là... elle semblait gênée par sa présence pour le lire. Il fit cependant comme si de rien n'était. Il n'avait pas envie de l'entendre parler de ses relations... amoureuses ou autres. Sur ce point là, ils n'étaient pas très différents. Ils n'aimaient pas s'épancher sur leur vie sentimentale. En revanche... Là où Vyle ne visait que des relations amoureuses, sa meilleure amie préférait largement les CDD, voir les extra d'un seul soir. A se demander parfois lequel des deux faisait la femme ! En fait non... Ils le savaient. Il n'y avait qu'une seule princesse entre eux deux... et Gemma refusait de porter des robes aux manches bouffantes !

Ils venaient juste de poser leur royal popotin... quand une jeune serveuse, une étudiante à tous les coups, se dirigea vers eux pour leur donner la carte des boissons et des muffins... la très grande spécialité de la maison.

« Vous avez déjà choisi ? Où vous souhaitez que je vous laisse regarder un peu ? »

(*HJ : je sais, j'étais très inspirée XD)

Gemma s’installa donc à une jolie petite table et elle laissa son téléphone bien rangé dans son sac sans la moindre intention de mentionner qu’elle voyait quelqu’un depuis pas mal de temps. Il n’aurait pas compris et bonjour la crise de nerfs et de paranoïa qu’il lui aurait fait après ça. Elle ne se sentait pas de gérer Vyle en pleine crise après sa matinée déjà très mouvementée. C’est pourquoi elle ne fit comme si de rien n’était, c’était plus simple et mieux ainsi. Son Militaire allait certainement rester un secret aux yeux de Vyle pendant très longtemps, ou tout du moins, elle le pensait. Il était inutile de remuer le couteau dans la plaie et de faire du mal à tout le monde. De plus, Vyle aurait bien été capable de l’ignorer et de l’éviter comme la peste s’il savait qu’elle voyait un Militaire.
 
“Deux grands cafés et le muffin le plus décadent que vous avez, s’il vous plaît.” Dit-elle en rendant la carte à la serveuse.
 
Gemma savait pertinemment que son meilleur ami ne prendrait pas de douceur sauf si la crème était à l’humain en décomposition ! Elle préférait ne pas y penser… ça allait lui gâcher son muffin. Vyle avait beaucoup de défaut mais son alimentation était tout bonnement abominable et encore elle avait de la chance. Il y avait peu de harpies qui souffriraient de la laisser un muffin devant eux. Ça devait vraiment être immonde pour eux ! La drow sortit son paquet de cigarettes et le posa devant elle tout en sortant une clope qu’elle fit tourner entre ces doigts un moment tout en pensant à comment aborder un sujet délicat.
 
Pendant un instant, elle observa leurs deux chiens qui couraient autour et jouaient ensemble. Bien qu’Armando reste de marbre la plupart du temps, il redevenait un chiot en courant sur l’herbe. Elle leva les yeux après quelques secondes et alluma sa clope sans lâcher son meilleur ami du regard.
 
“Merci de m’avoir défendue au fait.” Dit-elle en tirant une première bouffée et en soufflant la fumée. “Tu veux en parler ?”

Vyle sortitsortit une cigarette de son étuis en argent. Il l'alluma et soupira. Cela lui avait clairement échappé. Il regarda l'étudiante avec son grand sourire de façade. Cette dernière s'empourpra légèrement avant de se tourner vers l'elfe avec bonne humeur. Elle semblait être faite pour le commercial. Bonne vendeuse, jolie... mais humaine.

« Oh alors madame, si vous voulez vraiment de l'indécence dans un muffin... je vous recommande tout particulièrement celui au nutella*. Morceau de banane, noisette caramélisées et cœur coulant... C'est commettre tous les pêchers capitaux en une seule bouchée ! Si vous voulez de la décadence ! C'est lui qu'il vous faut ! »

« Alors on dit ça ? Nutella et deux grands café ? Monsieur ? Vous ne prenez rien ? »

Vyle la regarda avec attention. Cette petite savait manié le verbe. Il jeta un coup d'œil amusé à Gemma. Il était fin observateur et savait reconnaître des étudiants en journalisme quand il en voyait. Il secoua la tête négativement la tête à sa question et expira une bouffé de sa cigarette. Il jetait un coup d'œil vite fait aux chiens qui jouaient. Hors de question que Pongo se mette à draguer tout le monde... Mais pour le moment il avait davantage d'intérêt pour son grand ami Armano.

« Non merci... euh... Kali, c'est ça ? Je ne peux pas manger de gluten... En revanche... Je veux bien que vous me fassiez un café vraiment très noir... »

Elle rougie. Et hocha la tête avec un sourire plus timide déjà avant de s'en aller. Le journaliste n'était pas dupe... du moins le croyait-il. Et se dit qu'il avait juste était reconnu. Après tout, il n'y avait pas beaucoup de personnes en ville qui avait une toison bi-color comme la sienne. Il se tourna vers son amie, qui l'interrogeait.

« Je t'en prie... tu sais que je serais toujours de ton côté... »

Il se mordilla la lèvre un peu dérangé par la question. Il n'était pas du genre à étaler ses sentiments. Même s'il parlait davantage à Gemma, il ne lui disait pas tout. Et loin de là. Il avait du mal à parler de lui à dire vrai. Il était assez pudique. Mais il avait quand même besoin d'en parler . Cela lui avait sacrément foutu le bourdon. Il avait même perdu l'appétit pendant une semaine ou deux. Cela allait mieux depuis un moment... mais malgré tout, cette dispute avait ressassé des biens mauvais souvenirs...

Il hocha la tête...

(HJ* : Un monde sans nutella ne vaut pas le coup ! Ca aurait déjà été la révolution... tu ne penses pas XD)

[HJ : Intolérance au gluten, tu m’as tué XD]

Gemma n’avait pas vraiment le cœur des longs discours et elle pensait que l’étudiante l’aurait bien compris face à sa phrase courte mais qui ne laissait place qu’à très peu de choix possibles. Elle aurait pu se courroucer et ne put s’empêcher de lever un sourcils en l’air lorsque cette dernière l’appela Madame. Madame… ça va elle n’avait même pas 60 ans ! Pas la peine de l’appeler Madame, non mais oh !

“Mademoiselle…” laissa-t-elle tomber en un soupir. “Et va pour le nutella.”

Elle lui lança un sourire en coin afin de lui signifier qu’elle ne prenait pas forcément ombrage du titre qu’elle lui avait affublé mais détourna son regard. Pourtant, elle n’avait pas l’intention de déguerpir et regardait désormais Vyle avec une petite expression qu’elle n’arrivait pas à identifier. Si son meilleur ami harpie était un expert en la nature humaine, allez chercher l’erreur, elle ne s’y entendait pas bien et beaucoup lui échappait. Finalement, elle partit non sans rougir jusqu’aux oreilles et Gemma entama la conversation. Bien consciente que Vyle serait toujours là pour elle, l’elfe hocha la tête :

“Je sais…” dit-elle en un souffle en lui souriant.

Elle le regarda devenir assez inconfortable sur sa chaise, il était gêné, ça même un aveugle l’aurait deviné. Pourtant, elle ne pensait pas qu’il voudrait se confier à elle. Bien qu’ils soient proches, aucun des d’eux n’aimaient parler de leurs sentiments et Gemma en venait souvent à se fâcher envers lui lorsqu’il ne lui disait même pas qu’il était en couple avec quelqu’un. C’était arrivé en plusieurs occasions où l’elfe avait vu son silence comme une sorte de trahison, comme si il la mettait à l’écart de sa vie privée.

Désormais, elle lui cachait sa relation à elle et ne lui avait même pas dis qu’elle voyait quelqu’un. En fin de compte, elle n’avait pas envisagé que cela fut possible et elle comptait bien ne rien en dire à son meilleur ami. En amitié, l’hypocrisie sauve. En amour, c’est le mensonge. Elle ne savait pas encore si elle était amoureuse de l’homme qu’elle voyait mais elle était sûre d’aimer Vyle, de cet amour pur, sans frivolités et sans désir charnel. En lui mentant, elle cherchait à le protéger.

Peut-être avait-il fait de même en fin de compte. Sentant qu’il avait besoin d’un brin d’encouragement, l’elfe posa sa main libre sur la sienne :

“Tu n’étais pas vraiment toi-même ces derniers temps, c’était à cause d’elle ? Qu’est-ce qui s’est passé ?”

Si elle se souvenait, Vyle avait eu un tempérament un peu plus sarcastiques que d’habitude des semaines auparavant. Il avait une patience sans nom d’ordinaire et elle avait bien vu qu’il n’était pas au top. Le questionner, à l’époque, n’avait produit aucun effet, mais accepterait-il peut-être de lui expliquer aujourd’hui.

(Hj : mouahahah ce qui en soit n'est pas faux ! Il ne peut pas manger de gluten... XD)

Vyle fit une nouvelle mine amusée quand son amie se fit appeler madame. Il ne manquait pas grand chose pour la voir se lever décollé une baffe à la gamine et lui demander si c'était un pour-pif de mamie qu'elle venait de lui distribuer. Heureusement pour tout le monde... la drow avait une très bonne maîtrise de sa personne... enfin sauf avec ses frères, où elle s'adonnait à des pratiques d'amour fraternel peux conventionnelles... à coup de latte dans la tronche. Bah oui... l'amour ça fait mal...

L'étudiante s'en alla en direction de l'établissement les laissant seul un moment. Elle n'allait pas tarder à revenir, donc il n'aborderait pas le sujet pour le moment. Il n'avait pas envie qu'une autre personne que son amie puisse l'entendre parler de ses histoires de cœur. Il était toujours très discret sur sa vie privée... tellement que même ses proches, ses très proches n'arrivaient pas à le sonder. Exemple simple... Gemma ignorait que son meilleur ami sortait avec une femme... et qu'il avait vécu une rupture amoureuse, quant à son ex-petite amie... elle n'avait jamais entendu parler de la drow.

Le harpie fit signe d'attendre. Il aspira une nouvelle bouffée de sa cigarette. Le papier se consumait dans un petit bruit, le seul que l'on pouvait entendre... jusqu'à ce qu'au retour de la serveuse. Avec un grand sourire et sans savoir une seule seconde qu'elle avait vexée sa cliente en lui donnant du Madame... Elle lui posa son muffin et son café. Puis, elle rougit en tendant celui du journaliste. Elle entrouvrit sa bouche après s'être redressée, puis la ferma. Elle semblait vouloir demander quelque chose... mais n'osait pas... Dans un soupir amusé, il lui répondit.

« Oui c'est bien moi et oui... donnez-moi une feuille... »

Cramoisie, sans dire un mot, elle lui tendit son carnet de bon. Il s'en saisit et grapha sa signature dessus, non sans un coup d'œil amusé à son amie. Il lui rendit avec sa carte de visite en prime.

« Je suis en rendez-vous pour le moment... Mais passez me voir à l'occasion... vous me montrez ce que vous écrivez... Après tout vous allez avoir besoin d'un stage. Je vous présenterais à ma chef si ce que vous faites est convaincant. C'est elle qui s'occupe de ça... »

Elle le remercia chaudement , comprenant cependant qu'elle dérangeait en restant là. Il la regarda s'en allé vers d'autre client et soupira. Comme s'il allait prendre une stagiaire humaine à ses côtés, lui ! Genre ! Non, il la refourguerait à un de ses collègues humains et puis il s'en occuperait plus ! Jamais ! Au grand jamais, il prendrait un humain à ses côtés ! Même si ce dernier était très compétant. Fallait pas déconner non plus.

« Comment dire... elle et moi nous avons rompu... enfin plus elle. C'était assez inattendu je t'avoue... je n'ai pas vraiment compris ce qui lui avait pris. Elle s'est énervée, a piqué une crise de jalousie... Je suis peut-être le seul type de la ville à être incapable de ça... mais... mais elle... »

Il secoua la tête, ne comprenant vraiment pas. Son amie pouvait lire son désarroi dans le timbre de sa voix qu'il maîtrisait mieux que ça d'habitude. Il haussa les épaules. Pongo, comme alerté par le désarrois de son maître, revient vers ce dernier et posa avec une grande délicatesse qui pouvait être inconnu à plus d'un, sa tête sur les genoux de ce dernier. Vyle lui grattouillant machinalement la tête.

[HJ : C’est vrai ! ça m’a quand même tué sur place ! Haha]
 
Laissant Gemma marmonner dans sa barbe, Vyle reprit le contrôle de la situation et sa veste de journaliste. Son professionnalisme l’étonnait toujours et elle n’en revenait pas qu’il soit toujours en monde travail. Là où beaucoup de personnes restaient concentrés 24h/24, Gemma avait besoin de se déconnecter et de faire le vide. Une coupure dure et franche avec le boulot s’opérait dans l’heure qui suivait la fermeture de l’armurerie et elle ne pensait plus aux armes. Pareil avec l’OM, elle se mettait en mode clandestinité uniquement lorsqu’elle franchissait le pas de l’Organisation et ne cherchait pas à y revenir de sitôt !
 
Que Vyle puisse, à toute heure et tout endroit, garder une regard avise et une oreille ouverte au monde du journalisme la laissait bouche bée. Il devait vraiment commencer à faire le tri et prendre du temps pour lui ! Même lorsqu’ils allaient se saouler, il restait assez aiguisé pour écrire un article alors que Gem pouvait s’endormir au comptoir comme une bienheureuse avinée et ne pas se souvenir du chemin qu’elle avait pris pour rentrer !
 
L’elfe leva les yeux au ciel alors que son ami apposait sa griffe sur le carnet de bon de la serveuse… Quelle groupie ! La jeune femme allait se faire des idées quant à la gentillesse de Vyle ! Si elle s’imaginait bosser avec son idole et le seconder jusqu’à ce qu’il la considère comme son égal, elle allait tomber de bien haut ! La pauvre… elle aurait presque pu la plaindre mais… Nah !
 
Reportant son attention sur le sujet du jour, Gem l’écouta et resta assez chamboulée. Dans les tremblements de sa voix, son regard triste et sa mine déconfite, elle y vit un amour perdu et réalisa qu’il avait vraiment le cœur brisé… Elle, qui était une handicapée sentimentale dans ses meilleurs jours, ne sut pas immédiatement comment le consoler. Alors que Pongo le réconfortait naturellement, elle se demanda si elle devait elle aussi allez poser sa tête sur la jambe du harpie… Y renonçant elle lui attrapa tout simplement le main un instant en soupirant.
 
“Je n’ai pas plus de réponses que toi. Les femmes sont… bizarres. Ta Chef semble faire du fuis moi je te suis, suis moi je te fuis et ne pas vraiment savoir ce qu’elle veut.”
 
Elle hocha les épaules tristement ne voulant pas en dire plus. La chef de Vyle était sans doute une colérique qui en avait marre d’être abandonnée par son cher et tendre que ce soit pour le boulot ou le reste.
 
“Elle te faisait des crises de jalousies à quel propos ?”

Vyle était doué dans bien des domaines. Les subtilités du Ténébrissois n'avaient aucun secret pour lui. Il avait l'art et la manière d'être toujours à l'aise dans les soirées mondaines les plus étranges. En revanche, tout ce qui la nature féminine, il était aussi démuni que tout représentant du sexe masculin... Il s'amourachait facilement, mais restait tellement impénétrable que ses petites amies se détachaient vite de lui. Toujours occupé à travailler, ne se dévoilant jamais plus que nécessaire... voir moins encore... elles finissaient par craquer et lui claquaient la porte au nez comme des hystériques.

« Euh bah euh... »

La question de Gemma était gênante. Non pas ce qu'elle disait en soit, mais la réponse qu'il avait à donner agissait comme un miroir sur sa face cachée. Il en avait déjà dit plus qu'à l'accoutumer. Il était coincé. Il pouvait toujours faire machine arrière et stopper la conversation.. mais Gemma allait mal le prendre. Il attrapa son café et bu une gorgée.

« … plus ou moins à cause de toi. Elle me reprochait de passer trop de temps à l'extérieur. Et comme elle est ma supérieure directe... l'excuse du travail ne passait pas. Et quand elle me téléphonait et que j'étais saoul après une de nos soirées bien arrosées... elle pétait littéralement un câble... »

Il soupira. Comme si pour lui un tel comportement de jalousie était anormal. Il ne saisit pas la subtilité de la chose. Fidèle de nature, il ne voyait pas pourquoi Tif ne lui avait pas fait confiance... Les relations amoureuses c'étaient un peu comme une rencontre du troisième type pour lui. Complètement à la masse, il ne comprenait pas que garder le silence sur ses activités et détourner au maximum la conversation n'était pas la meilleure chose à faire en cas d'inquisition mener par une femme jalouse.

« Décidément la seule femme que je comprends c'est bien toi, mon Prince ! » dit il en riant

Il lui fit un clin d'œil complice. Gemma était dans un sens la personne qui le connaissait le mieux. Et il la connaissait bien. Très bien. Trop bien. Mais inutile de faire étalage de son savoir sur le sujet. Cela mettait tout le monde mal à l'aise. L'un comme l'autre avait tendance à faire de la rétention d'informations sentimentales. Une sorte d'omerta qui leur convenait bien à tous les deux...