[PV Lise] Jeudi 14h, nerveux et fier

[HJ: Désolée... mon titre est vraiment nul... J'ai un peu le cerveau en compote. x)
Le début ici.   Fiche du PNJ]

Pierre Lebuissière, trentenaire constructeur et hacker, était nerveux. Il avait passé la nuit avec Robin à voir comment il se présenterait et ce qu’il tenterait d’apprendre et de trouver en se rendant en ces lieux hautement protégés. Tous les documents pour la soumission étaient sur une clef USB contenant, tout comme son message à Lise Vernay, un minuscule virus inoffensif caché parmi les fonctionnalités de l’appareil, mais fort important pour lui et ses frères d’armes. Une fois la clef insérée dans le support, le document clandestin irait se loger parmi les programmes de base, portant un nom semblable.

Tout comme celui envoyé par courriel à la secrétaire, il finirait par être découvert, et même sans doute plus vite… Robin avait évalué le temps disponible à une semaine cette fois, mais il ne croyait pas en avoir besoin davantage. Plusieurs fichiers auront eu le temps d’être transférés et il aura pu trouver le nom du nouveau commandant de l’UDPH, nom qu’il avait lui-même cherché, mais que lui avait aussi demandé un membre du clan Chen. Quand il avait raconté son échange à ses frères d’armes, plusieurs d’entre eux n’y crurent pas et il dut leur montrer la conversation. Mais Pierre ne fut pas de ceux-là et avait tout de suite accepté la proposition de Robin. Sa compagnie comptait souscrire au projet de rénovation du boulevard St-Clair… Il ne lui restait plus qu’à s’arranger pour prendre ce projet en main, ce qu’il réussit à faire sans difficulté.

Bref, Pierre était nerveux et seul devant la Mairie, Robin étant à un ordi, dans lequel il avait introduit le virus qui capterait ce que lui enverrait l’autre, dans un café. Le constructeur était vêtu d’un costard et transportait une mallette contenant très peu de choses. Son cœur battait la chamade pendant qu’il passait les portes d’entrées. Il regarda l’énorme horloge accrochée au mur opposé : 13h40. Bien, il aurait le temps de décompresser. Il vérifia l’étage où se rendre et y monta par l’ascenseur. 13h45. Prenant une grande respiration, il se dirigea vers le comptoir d’accueil où se trouvait Lise Vernay.

[Hj: bah! Voyons! C'est parfait!]
Lise baissa les yeux , sous son bureau. À ses pieds se trouvait son sac à main entre-ouvert ,et dans son sac se trouvait une petite boîte rose longiligne. Et depuis un quart-d'heure, la jeune femme ne cessait de jeter des regards hagards vers ce petit paquet. Celle-ci semblait la narguer.

Elle savait que c'était assez dangereux de sa part d'aller acheter un test de grossesse durant son heure de pause. La jeune femme avait bien veiller à ne pas être suivit, les rumeurs allaient si vite à Ténébris. Mais depuis un moment, elle avait des sérieux doutes. Mais Lise n'avait jamais oser aller jusqu'à la pharmacie. Bien sûr, elle ne pouvait pas aller dans la plus proche, ou la pharmacie habituelle. La caissière l'aurait reconnue. La jeune femme avait dû aller à l'autre bout de la ville , juste pour être sûr.

Et à présent le plus difficile était à faire. Furieuse, elle donna un coup d'escarpin dans son sac pour l'envoyer plus loin sous son bureau, afin de le soustraire à sa vue.

Elle ne pouvait pas être enceinte! Elle n'avait pas le droit! Qu'est-ce qu'elle ficherait avec un môme de toute façon. Oh! Nom de Dieu! ... Et que dirait Alec? Lui qui ne voulait aucune attache? Lui qui ne l'aimait pas? Un frisson d'effrois la parcouru et Lise eu l'horrible envie d'hurler et de pleurer.

Mais voilà que quelqu'un approchait. C'était un homme, plutôt grand au visage avenant. Maîtresse de la comédie, Lise revêtit son masque de parfaite secrétaire et lui offrit son plus beau sourire.

"Bonjour!.... Monsieur  Lebuissière, je présume. "

Lise se leva pour lui indiquer les deux fauteuils contre le mur.

"Vous êtes un peu en avance. Le maire sera à vous dans un moment. Puis-je vous offrir un café en attendant?"

[HJ: J'ai apporté quelques modifications à la fin de mon premier message, histoire que ça fasse plus de sens.]

Pierre Lebuissière avait lui aussi revêtu son masque de jeune homme charmant et bien rangé. Ses cheveux étaient lissés vers l’arrière et une barbe naissance apparaissait. Son habit était bien lissé et lui allait à perfection. Le trentagénaire savait se mettre en évidence et jouer un jeu pour arriver à ses fins. Il n’eut donc aucune difficulté à répondre avec grâce. «Oui, moi-même!», d’autant plus que son sourire n’était pas feint. En effet, il trouvait Mme Vernay fort jolie et élégante, ce qui lui ravissait les yeux. En un instant, il en avait oublié ses nerfs… sauf optiques… M’enfin.

Quand elle se leva, il eut même le plaisir d’en profiter davantage, mais resta bien concentré sur ce qu’elle lui disait. «Un café, volontiers. Merci Mme… Vernay, je présume.», répondit-il avec ses yeux rieurs. Un autre franc sourire se dessina sur ses lèvres charnues. Sur ces mots, voulant néanmoins conserver une attitude professionnelle, il se retint de baiser la main de la demoiselle et se dirigea vers les fauteuils. Avant de s’asseoir, il prit quelques secondes pour observer ce qui l’entourait : le bureau de Mme Vernay, épuré et décoré avec délicatesse, une horloge, s’agençant avec les autres éléments de décor, des toiles, achetées sans doute à un fleuriste qui les recevait en séries, une petite fontaine à côté d’une machine à café posée sur une longue table noire. Les fauteuils où il se trouvait et quelques magazines désuets, ainsi que le journal officiel de Ténébris, venaient compléter le tout.

Le constructeur finit par s’asseoir, mais resta sur le bout du siège, voulant rester en posture droite. Il déposa la mallette à ses pieds et pris le journal de Ténébris pour lire les grands titres, n'osant demander s'il y avait eu plusieurs souscripteurs avant lui,  puis il s’attarda sur un article. Il était question d’une jeune fille, qui avait été portée disparue par ses parents depuis quatre jours, mais qui venait d’être retrouvée à l’orée des bois. L’article se terminait sur : «toute cette aventure semble n’avoir été qu’un énorme cauchemar aux yeux de la petite, qui devra être soignée pour traumatisme.» Un cauchemar? Qu’avait-elle donc vécu de si horrible? Pierre sentait que tout n’était pas dit… il en parlerait avec Robin, à coup sûr. Puis, pour faire conversation, il dit, alors que Mme Vernay arrivait avec le café, «C’est incroyable, cette histoire, vous ne trouvez pas?». Pour qu’elle comprenne ce dont il était question, il lui montra l’article, lui tendant le journal en échange de la tasse.

[HJ: c'est ben correct]
"C'est exacte!" Dit la jeune femme, bien aimable avant de se diriger vers la cafetière, dans le coin de la pièce.

Lise était presqu'étonnée de la facilité avec laquelle, elle arrivait à feindre la parfaite petite poupée souriante, que tout allait bien, pour le mieux dans le meilleur des mondes, alors que sa vie tombait en morceau. Ses parents allaient divorcés suite au scandales qu'avaient les photos de son père en compagnie de jeunes prostituées. Et maintenant un bébé était peut-être en route.

Non, dans son bustier de cuir crème , sa jupe cigarette noire et ses escarpins assortie, Lise était l'image même de l'insouciance petite secrétaire. Alors qu'elle regardait le café remplir peur à peu à tasse, la jeune femme se dit qu'elle aurait parfois aimer être quelqu'un d'autre.

Plongée dans ses pensées, elle n'entendit pas tout de suite le commentaire de Pierre, alors qu'elle revenait avec son café.

"Excusez-moi? Qu'est-ce qui est horrible?"

L'homme lui montra l'article et la jeune femme perdit aussitôt son air insouciant. Elle devint blanche comme un linceul en lisant rapidement les quelques lignes. Jeune fille. Les bois. Traumatismes. Les loups! Les loups garous!!

Elle lâcha subitement la tasse. Celle-ci s'écrasa subitement. Lise revint bien vite à elle.

"Diantre! Je suis désolée!"

[hj:Je te laisse décidé qu'elle sont les étendus des dégâts]

«Incroyable», rectifia-t-il. «Mais horrible, oui, peut-être.»

Il attendit que la secrétaire lui tende la tasse, mais elle n’en fit rien, sans doute trop concentrée sur sa lecture… Tellement concentrée qu’elle en échappa ce qu’elle tenait! Heureusement, Pierre, ayant la main tendue, avait pu amortir sa chute, l’attrapant de justesse, mais la lâchant en raison de la chaleur qui lui avait brûlé la paume. Il avait au moins pu éviter le pire… Enfin, le pire. Il venait de recevoir presque l’entièreté de ce que contenait le récipient sur ses habits et le liquide l’avait momentanément brûlé, mais la tasse était sauvée. Était-ce tellement mieux?

Après tout, il s’apprêtait à rencontrer le maire en personne! Bien que ses intentions fussent quelque peu malignes, il voulait, oui, faire bonne impression! Le contrat, la compagnie voulait vraiment le signer! Voyant l’état de ses vêtements, le jeune homme ne put réprimer un «Merde!» avant de répondre aimablement à Mme Vernay : «Mais non, vous n’avez pas à vous excuser… » avant d’aller chercher des serviettes de table jetables à côté de la machine à café, tentant d’essuyer les dégâts, mais ne réussissant qu’à les étaler davantage. Totalement désemparé, il se retourna vers la dame et lui demanda : «Auriez-vous du sel,  d’autres costards ou… une buanderie express?», mi-sérieux, mi-blagueur. Pierre n'aimait pas les situations tendue. En bon farceur, il essaya donc de détendre celle-ci.

"oh! Mon Dieu! Oh! Mon Dieu!" paniqua Lise. "Pardon, pardon pardon!"

Le voilà qui s'était blessé par sa faute! Et bon Dieu! Ses habits! Lise se pencha vers lui.
Elle courut chercher une serviette de papier et tenta d'eponger les dégâts.

"comment ne puis-je pas m'excuser? Bonté divine! Je vous ai fait mal! Je ne sais pas ce qui m'a prit. Pardon! Pardon!"

Elle eu une nouvelle exclamation de surprise en constatant que c'était bel et bien tâché. Le remord était mordant! Seigneur qu'elle se sentait mal!

Paniquée, elle recula comme pour constater les dégâts. Quelle catastrophe! Elle se mordit nerveusemenent la lèvre. Il tenta de la faire sourire mais Lise ne pût que grimacer, mal à l'aise.

"oui! Du sel! Dans la cafétéria."

Elle jeta un regard à l'horloge. Ils avaient encore quelques minutes. La jeune femme lui fit signe.

"suivez moi. Vite."

Du haut de ses talons aiguilles, Lise pressa le pas et s'engouffra dans le couloir. Elle poussa la porte de la cafétéria. Fort heureusement pour elle' il n'y avait personne. La jeune femme ouvrit rapdement les portes de l'armoir.

"Tenez." lui dit-elle en lui tendant la sallière.

En sentant la secrétaire si nerveuse, Pierre vint à se demander s’il ne prenait pas cet incident à la légère, mais garda son air posé en la suivant. Il en profita pour observer autour de lui, mais constata rapidement qu’il n’y avait rien à noter. Les portes ne lui offraient aucun indice de ce qu’elles contenaient, hormis les noms de leur occupant, qui au fond, ne disaient rien à Pierre et qui n’aurait su les retenir si facilement… Il reporta donc son attention sur Lise et entra à son tour de ladite cafétéria qui, il trouva, ressemblait peut-être davantage à une salle de repas pour employés. En effet, au premier abord, il avait cru qu’ils arriveraient dans une grande salle bondée avec menu du jour, soupes décongelées et machines distributrices. C’était finalement quand même plus accueillant!

«Merci.», dit-il en souriant à pleine dents. Surtout, ne pas laisser paraître qu’il commençait à stresser en voyant le temps passer. Au bord du comptoir, il tenta de verser une bonne quantité de sel sur ses vêtements, mais se rendit vite compte que le résultat était peu efficace et enleva son veston. Avant de passer à la chemise, il se tourna vers Lise et lui dit : «Heu… pardon… Je vais…», puis il mima le geste de se déboutonner. Il n’était pas particulièrement pudique, mais la jeune femme semblait être quelqu’un que cet acte aurait pu choquer. Il préféra donc l’avertir.

Une fois torse nu, il répandit le sel sur les taches, attendit que ça absorbe en en étalant sur son veston, également, puis frotta vigoureusement. C’était plus ou moins concluant. Voyant une trousse de premier soin à portée de mains, Pierre, un peu sous l’effet de l’urgence, la saisit et y trouva heureusement une bouteille d’alcool à friction. Soudainement conscient de sa familiarité, il se tourna de nouveau vers Lise et lui adressa un sourire interrogateur avant d’en verser parcimonieusement sur ses habits. Il frotta de nouveau et remarqua finalement une différence. Il finit le tout avec un peu de savon à main et d’eau, frottant encore jusqu’à ce que tout retrouve ses couleurs d’origine… mais ils étaient toujours mouillés.

Il les remit néanmoins sur lui, avant de ranger tout ce qu’il avait utilisé, histoire de ne pas être à moitié nu trop longtemps, puis se tourna vers la jolie demoiselle, lui offrit son plus beau sourire et lui dit en ouvrant les bras en signe de victoire: «Vous voyez? Il ne fallait pas s’inquiéter, seulement prendre la situation en main! Mais… heum… J’imagine qu’il n’est pas possible de tout sécher à temps…» Sur ces paroles, il regarda d’ailleurs sa montre et constata qu’il ne restait que six minutes avant son rendez-vous.

[HJ : J'y suis allée de mon jugement, mais je me trompe peut-être. Si jamais quelque élément ne concorde pas avec la réaction de Lise, n'hésite pas à me corriger!]

Il était entrain de retirer son veston là? Pourquoi? Lise le regarda, incrédule, les sourcils haussés.

''Qu'est-ce que vous ... OH!'' s'exclama la jeune femme en se rendant compte que la chemise y passait aussi.

La secrétaire rougit violemment et détourna les yeux à toutes vitesses. Il se croyait dans un vestiaire ou quoi? La jeune femme était tellement sur les nerfs qu'elle en oublia la principale raison de cet acte :sa chemise était tâchée! Bien sûr qu'il enlevait sa chemise, bon sang! Mais la jeune femme avait tellement d'imagination, qu'elle se constituait très facilement les pires scénarios dans sa tête.

''Est-ce que.. vous avez fini?...'' demanda-t-elle en le regardant du coin de l’œil, les joues toujours en feu.

Oui! Bon! Elle devait avouer. Il était loin d'être laid à regarder! Mais bon sang de bon soir, c'était tout à fait inconvenable de se dévêtir ainsi devant une inconnue. Qu'importe, il se rhabillait déjà. Dieu merci.

Elle retrouva son sourire en se détendant.

''Eh! Bien! Vous vous en êtes plutôt bien tiré! Je rangerai le sel et l'alcool tout à l'heure... Sinon, je crois que la nouvelle réceptionniste a un sèche-cheveux dans ses affaires.''

Et en route pour la prochaine étape! Chaque seconde comptait! Lise fonça vers le couloir suivant, sans regarder par-dessus son épaule pour voir si Pierre la suivait. Elle aboutit dans une sorte de petite salle de repos pour les employés du type petit salon. Deux jeunes femmes, environs de l'âge de Lise, discutaient tranquillement, assise devant la fenêtre.  

''Lise?'' fit l'une d'entres elles, surprise de la voir ici à cette heure.

''Pas le temps de t'expliquer, mais Jodie, j'ai besoin de ton sèche-cheveux et vite!''

''Heu... d'accord?''

Jodie se leva, un peu inquiète, et attrapa son sac à main. La jeune réceptionniste sortit de ce dernier un tout petit sèche-cheveux rose et le tendit à Lise.

''Voilà?''

[HJ : Je réponds tout de suite, mais, en fait,  Pierre a déjà replacé l’alcool à sa place, ainsi que le sel s’il était facile d’accès à la base… Je te laisse modifier ton message. ^^]

Définitivement, il l’avait bien cernée… Elle était écarlate! La pudeur de la secrétaire le fit sourire. Cela dit, Pierre aurait peut-être dû l’avertir de façon plus explicite… et plus tôt aussi. M’enfin, il avait réussi à arranger l’incident; le pire était passé. Et il était de nouveau vêtu. Pendant qu’il gardait son grand sourire assuré, il montra néanmoins sa surprise… toutes les solutions étaient sur son chemin!

Et voilà Lise qui repartait pour l’aider de plus belle! Pierre se dit intérieurement que, si tel était le cas et tout en souhaitant qu’il n’en soit rien, l’homme qui était dans la vie de cette dame devait décidément être choyé. Sur cette pensée, il se promit de l’inviter à prendre un verre un de ces quatre, tout en croisant les doigts pour la croiser en-dehors d’un contexte diplomatique. Le constructeur la suivit, profitant  de cette opportunité pour zieuter un peu plus ce qui l’entourait et quel trajet ils suivaient, faisant son possible pour noter des informations jugées pertinentes, notamment que Mme Vernay n’ait pas de jonc  au doigt – bien que cela n’indique rien – … mais aussi les tournants des couloirs et où ils menaient. Finalement, rendu à destination, il resta sur le pas de la porte, ne voulant pas davantage faire preuve d’inconvenance et attendit que sa bienfaitrice revienne avec l’objet nécessaire.

N’empêche, la porte étant grande ouverte, il eut tout le loisir de voir une bonne partie de la pièce. Lise venait vraisemblablement d’entrer dans un petit salon commun, lieu de repos des employés de cette section de la mairie. Quand la dénommée Jodie donna son sèche-cheveux à sa collègue, Pierre profita des circonstances favorables pour  passer la tête par l’encadrement de la porte pour la saluer poliment et la remercier. «Merci, Mme Jodie. Je suis Pierre. J’ai rendez-vous avec le maire dans cinq minutes… Vous constaterez que mes vêtements ont grandement besoin d’un bon saritain!»conservant toujours ses lèvres trémoussées et ses yeux plissés, avec l’air de blaguer sans cesse, une petite étincelle dans le regard, charmeur. «Permettez-vous que je branche cet objet de miracle et m’en serve?»

Mine de rien, le jeune homme commençait sévèrement à stresser. Les secondes s’égrenaient et ne laissaient aucun doute à Pierre qu’il serait en retard au rendez-vous qu’il avait avec le plus grand-homme de Ténébris… Bien qu’il ne le porte pas particulièrement en haut estime, le maire ne le laissait pas indifférent et il voulait, oui, faire bonne impression… Et si finalement tout tombait à l’eau à cause d’une foutue tasse de café? Non, non et non!

La jeune Jodie avisa Pierre et eu un petit sourire timide et détourna les yeux.
‘’Oui.. Heu… Je vois. Je vois.’’

Lise plissa le nez, trouvant l’attitude de la rouquine totalement surfait et surtout très peu
professionnelle. Et là voilà qui battait carrément des cils. La jeune femme retint un :’’Hmph!’’ et se retourna à nouveau vers Pierre, pour lui dire :

‘’Il y a une prise juste là.’’

Elle indiqua du doigt la fameuse prise blanche dans le mur, sous la fenêtre. Malgré le sourire engageant de l’homme, Lise pouvait clairement sentir qu’il commençait à bader sérieusement. Et elle aussi d’ailleurs. La jeune femme était fort tendue. Un rapide coup d’œil à sa montre puis, elle se précipita pour l’aider.

Au bout de quelques secondes, le costume était relativement sec, sous le séchoir. Pourtant, il se dégageait de ce dernier, toujours une légère odeur d’alcool. Tant pis.

‘’Nous n'avons plus le temps!’’ dit-elle en lui arrachant presque l’appareil des mains pour le remettre à Jodie.
Cette dernière n’avait toujours pas bougé, souriant toujours bêtement.

‘’Salut Jodie!’’ lança-t-elle en poussant Pierre dans le dos , sans ménagement . ‘’Aller! Aller!’’

‘’Au revoir Pierre’’ répondit cette dernière en lui envoyant la main, comme ils passaient la porte.

Ils ne firent ni une ni deux et séchèrent ses vêtements sans plus de cérémonie, sous le regard entichée de Jodie. Pierre, tout en veillant à sa propreté vestimentaire, lui jetait également quelques coups d’œil aguicheurs, son sourire ne faiblissant pas et ses yeux passant des courbes de Lise à sa collègue dans un jeu habile de profondeur de champ, laissant paraître qu’il regardait le séchoir. Après tout, pour lui, il savait bien que ce n’était qu’une espèce de jeu de séduction voué à… rien du tout. Sitôt ses vêtements secs, il passerait le pas de la porte, irait à son rendez-vous, puis quitterait les lieux sans plus de cérémonie et n’entendrait peut-être plus jamais parler de cette jolie rousse.

Quand finalement Lise et lui attinrent leur but, ce fut effectivement le cas, Lise le poussant carrément pour qu’il quitte les lieux au plus vite. Jodie, toujours sous le charme du constructeur, attrapa maladroitement son appareil et faillit l’échapper elle lui envoyant la main. Pierre la gratifia d’un grand sourire et d’un signe de tête, n’ayant même pas le temps d’en faire davantage… la secrétaire était forte, mine de rien! Pierre la suivit à travers le dédale de la mairie jusqu’à la réception. Il était déjà 14h pile, sur sa montre comme sur l’horloge accroché au mur… il était moins une! Avant de dire quoi que ce soit, il alla chercher sa chemise, qui avait été heureusement épargnée par l’incident, sur les sièges d’attente, faisant ainsi dos à Lise Vernay.

Puis, le jeune homme prit soudainement conscience de l’ampleur de ce qu’il s’apprêtait à faire et son pouls s’accéléra considérablement, envoyant à son cerveau une quantité imposante de sang, qui pompait à ses oreilles. Son cœur sembla se gonfler et prendre toute la place dans son thorax, coupant du même coup son souffle…  Sa salive déserta sa bouche et une pluie d’encre se déversa devant ses rétines. Le trac, à son état le plus pur et le plus fort, le prenait d’assaut. Mais tout cela ne dura que cinq secondes et il prit une grande bouffée d’air, puis se retourna, sourire aux lèvres, semblant frais et dispo. Seul un léger pâlissement de son épiderme pouvait témoigner du combat intérieur qu’il menait. Comme alibi à son petit malaise, au cas où la jeune dame y avait porté attention, il lâcha : «Ouf… le maire en personne. Aujourd’hui est un grand jour.»

En effet, il était rare que l’homme d’état reçoive des gens directement dans son bureau, passant préférablement par des subalternes ou des messages. Il devait avoir une bonne confiance ou une bonne raison pour recevoir une personne directement. Mais, le ministre du MIII ayant été congédié depuis peu pour tous les problèmes qu’il avait causé à Ténébris et n’ayant pas encore été remplacé, la charge de son travail revenait entièrement au maire. Et comme ce dossier était l’un des plus gros de l’année, il était préférable que les soumissionnaires  fassent acte de présence. Le boulevard St-Clair était l’axe de la ville, le lieu commercial et culturel par excellence… et il avait définitivement besoin d’une rénovation.

[HJ : Lise, je te laisse conclure… et Raphy, comment on s’y prend pour le maire, tu t’en charges?]

Lise commençait à peine à se remettre de ses émotions. Diantre!ça avait été de vrais montagnes russes! Que dirait le maire s'il savait qu'elle échappait du café sur ses invités. Et de marque en plus!

Le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils avaient eu chaud, sans jeu de mot. Et tout était rentrer -plus ou moins- dans l'ordre. Et elle pouvait enfin recommencer à respirer normalement. Lui même était visiblement encore un peu déboussolé.

''Tout ce passera bien... Et encore navrée pour ce qui s'est passé. ''

Elle lui servit son petit sourire contrit/déconfit . Sur ce, elle l'accompagna jusqu'à la porte, qu'elle lui ouvrit , avant de lui souffler:
''Bonne chance, monsieur.''